Diplômé de la London School of Economics, Bernard Ayitée, dirige OBARA Capital, le premier hedge fund africain qu’il a créé en 2018. OBARA Capital offre des solutions d’investissement et de financement alternatifs conçus pour répondre aux problématiques des PMEs, des grandes entreprises et des États africains. Avant de créer OBARA Capital, Bernard a été Vice President Investment Banking chez BNP Paribas Corporate & Investment Banking à Paris. Il a conclu des transactions de plus de USD 25 milliards en Afrique et en Europe, dans des secteurs d’activités variés tels que les biens de consommation (FMCG), les télécoms, l’agro-industrie, le transport, les matériaux de construction, l’immobilier et les infrastructures.
Intelligence réactive, et faconde conquérante, Bernard AYITEE aurait-il été préparé de façon spécifique pour accomplir de grandes œuvres? À 35 ans seulement, la posture de discrétion observée au quotidien, sa vision du business, matinée de réalisme, et sa volonté de faire bouger les lignes (en introduisant de nouveaux paradygmes pour financer les économies du continent) le suggéreraient à l’envi. Dans le même temps, cette inclination naturelle à se référer aux meilleures figures emblématiques ayant contribué à reconfigurer l’économie mondiale et la finance internationale dans un sens vertueux ces dernières années, tendrait à le confirmer
De fait, c’est à la fin de ses études secondaires, après avoir dévoré de façon studieuse ses cours consacrés à l’histoire de la pensée économique qu’il commence à se familiariser avec les grands théoriciens de cette discipline que sont Adam Smith, David Ricardo, John Maynard Keynes, Friedrich Hayek, Milton Friedman et même Karl Max... De fil en aiguille, une fois son baccalauréat obtenu au début des années 2000, tout en s’inscrivant à Paris Dauphine, il se prend de passion pour la finance. Le regard rivé vers le master en Finance, Gestion et Économie Appliquée -qu’il obtient en 2007- de ce prestigieux cénacle académique; ne l’empêche point de suivre avec grand intérêt, et assidûment des émissions dédiées aux grandes places boursières internationales et au monde du « Big business » mondial, de façon plus élargie sur Bloomberg, CNN et la BBC.
Dans la foulée, une fois admis au fameux Master of Science Accounting & Finance de la London School of Economies and Political Sciences (LSE) qu’il briguera avec succès en 2008, il prendra de plus en plus conscience que le parchemin de cette respectable institution universitaire britannique deviendra un sésame imparable, pour le jeune ambitieux souhaitant faire carrière dans la finance internationale. De façon concomitante, au cours de ces déterminantes années de formation, auprès des « Investment bankers » et des « fund managers » qu’il croise à l’occasion dans la capitale britannique - à travers leurs retours d’expérience - il ne manquera pas de s’imprégner des subtilités et des codes inhérents au futur univers professionnel auquel il se destine. Déterminé et volontariste, fort de deux parchemins parmi les plus capés pour faire carrière dans la galaxie de « l’Investment Banking », en septembre 2008, Bernard AYITEE est recruté dans l’équipe « Energy & Utilities » du département Mergers & Acquisitions de BNP PARIBAS Corporate & Investment Banking, après un bref passage comme auditeur interne chez UPS à Londres. Des mois durant, il va s’y faire les dents. Ne perdant guère de vue que l’espace professionnel intégré par ses soins est pour le moins sélectif, impitoyable, parfois brutal et ingrat. N’y restent que des personnalités exceptionnelles alliant la virtuosité à la résilience. Il en témoignera en des termes précis des années plus tard, évoquant cette période de braise au sein de l’institution bancaire : « il a fallu avoir du talent pour inventer des montages financiers, et convaincre des grands patrons d’engager leurs groupes industriels dans des opérations complexes et transformantes dont les répercussions se chiffraient en milliards d’euros »
Il reste qu’un an après son arrivée au pôle Corporate & Invesment Banking de l’une des premières banques européennes battant pavillon français, Bernard AYITEE tout en poursuivant sa carrière au département Mergers & Acquisitions, est muté cette fois au sein de la « Business Valuation Team ». Il y parfaira ses gammes avant de rejoindre l’équipe « Buiding Materials » puis celle en charge des transactions dans le secteur des « Consumer Goods ». Après s’être imprégné des fondamentaux techniques tout au long des premiers mois (analyses financières et sectorielles, élaboration de modèles financiers, identifications et valorisations des cibles potentielles d’acquisitions, évaluation des obstacles juridiques et des des impacts fiscaux, ...), dans cette nouvelle position, il passera à une phase plus « substantielle ». Ainsi commencera-t-il à participer aux meetings avec des clients en y défendant le substrat de ses analyses. Tout en observant les « Rains makers », il tâchera de s’approprier la quintessence de leurs « Soft skills », sans perdre de vue la compréhension des enjeux industriels, mais aussi leur vision stratégique. Il comprendra tout de suite que sur «le pallier de compétence» où il est censé se trouver, la maîtrise des réseaux de pouvoir, la capacité d’écoute, et surtout l’aptitude à se muer en directeur financier, en stratège, ainsi qu’en psychanalyste ou confident des clients au gré des situations, constituent la « panoplie » naturelle de tout jeune prétendant au rang de « grand professionnel blanchi sous le harnais » . Il reste qu’en 2013, Bernard AYITEE accède au rang de « Vice-President » Mergers & Acquisitions, un peu plus de cinq ans après son arrivée chez BNP Paribas CIB. Au cours de ce dernier magistère, il va conseiller des clients exigeants, essentiellement côtés en bourse, installés en Europe ou au Moyen-Orient, sur des deals complexes, revêtant pour eux, un caractère fortement stratégique (introductions en bourses, fusions & acquisitions, OPA et défenses anti-OPA hostiles, ...)
Après avoir acquis au cours de ces fructueuses années professionnelles, une maîtrise parfaite des techniques d’ingénierie financière les plus sophistiquées, en 2014, il décide de s’établir en Côte d’Ivoire. À tous ceux qui nombreux avaient été surpris par cette décision, il répondra simplement que : « mon retour à Abidjan s’inscrivait dans un plan de carrière. J’ai souhaité me former dans les meilleures institutions académiques à l’étranger, puis apprendre le métier là où il se faisait le mieux, avant de rentrer en Afrique concrétiser ma vision . » Dès son arrivée dans la capitale économique ivoirienne, il rejoint KeysFinance Partners, une banque d’affaires locale, en tant que Directeur Associé pour lancer les activités de la société localement. Ainsi pendant près de trois ans et demie au sein de cette institution, il s’emploiera à accompagner des grands groupes et de nombreuses
PME dans leurs recherches de financements, leurs opérations de fusions-acquisitions ainsi que dans la mise en oeuvre de leur plan stratégique. En butte parfois à la rudesse de la tâche, il a dû très souvent combiner la compréhension de l’environnement et une fine connaissance des problématiques, avec ses compétences en ingénierie financière apprises à l’étranger, pour concevoir des solutions sophistiquées, agiles et innovantes. Très vite, malgré le « feu sacré » qui l’habite, et après avoir aidé de nombreux clients à faire face à de dantesques difficultés de financements, il se résoudra à admettre que le modèle de la banque d’affaires classique n’était pas forcement adapté (à certains égards) au financement de certains pans de l’économie locale. C’est ainsi qu’en mars 2018, Bernard AYITEE lance à 32 ans à Abidjan, la capitale économique ivoirienne (sur fond de disruption et d’innovation), OBARA Capital, un Hedge Fund. Avec l’ambition de proposer aux économies du continent des solutions d’investissements et de financements « sur mesure ». Et ce, pour les aider à répondre efficacement aux spécificités locales, grâce à la mise en œuvre de techniques d’ingénierie financière de très haut niveau, mais en adéquation avec l’environnement. Aussi, en trois années et demie d’existence OBARA Capital a participé à des transactions de plus de 500 millions d’euros, et a accompagné à la fois des gouvernements, des institutions de développement de premier rang, ainsi que des acteurs privés (que ce soit des PME ou des multinationales). Quels sont les ressorts pouvant accélérer la montée en puissance d’OBARA Capital, tout en lui permettant définitivement de se hisser dans la cour des grands dans son secteur d’activités? À cette question, Bernard AYITEE ne se démonte point. Pour lui, son Hedge Fund a été créé d’une part, pour contribuer à faire d’Abidjan un hub financier de premier rang, au même titre que Johannesburg sur le plan continental. D’autre part, en se positionnant en pionnier, il savait qu’il aurait à faire face aux « vents contraires » que subissent tous ceux qui veulent réinventer de nouveaux paradygmes et apporter de la disruption dans des environnements enclins à l’immobilisme et au conservatisme. Toutefois, en dépit de son optimisme contagieux, et comme pour inscrire définitivement ses actions et celui de son nouveau véhicule dans la durée, lorsque nous avons pris congé de lui, comme mû par des préceptes inspirés de Confucius, pince sans rire, il a affirmé : « je crois qu’il faut laisser le temps faire son œuvre. Je prends le pari que nous ne manquerons pas de créer un Blackrock, un Bridgewater, ou un Six Sigma africain
PAR PASCALE AURIOL